Les études du **« Deux Ponts »** ont démarré dès 1936, en se basant sur l’aile et les empennages du Breguet 730, mariés à un nouveau fuselage et portés par un train classique caréné. Ces études se poursuivirent pendant la guerre et furent ressorties en 1946, pour répondre à une fiche programme pour un transport mixte (passagers et marchandises) capable de franchir 2 000 km.

Le Breguet 761 fit son premier vol le 15 février 1949 à Villacoublay. Il fut suivi de 3 Breguet 761 S de présérie, équipés de moteurs Pratt & Whitney R-2800 (au lieu des Gnome Rhône 14 R du prototype). Ils servirent à différents essais avant d’intégrer l’Armée de l’Air.

Puis vint le Br.763 « Provence », version plus lourde destinée à Air France. La compagnie, initialement réticente, finira par en vanter les mérites. Les 12 Br.763 servirent de 1953 à 1971, d’abord pour le transport de passagers (notamment sur la ligne Paris-Alger), puis comme cargos après 1964.

La dernière version, le Br.765, fut étudiée à la demande de l’Armée de l’Air, impressionnée par les essais de charges lourdes des 761 S. Dérivé du 763, il disposait d’un aménagement spécifique : plancher arrière amovible, treuil, et possibilité de parachutage. Il effectua son premier vol le 6 juillet 1958.

L’Armée de l’Air avait besoin de 27 appareils, mais n’en reçut que 4. Elle dut se contenter des 761 S et des 763 ex-Air France. Les « Deux Ponts » furent basés au Bourget puis à Évreux jusqu’en 1969, date de leur remplacement par le Transall.

Le « Deux Ponts » fut un avion extrêmement sûr : en carrière, il ne connut que deux accidents graves (atterrissages sur le ventre), sans victime. Ce fut le dernier grand quadrimoteur français.