Histoire
Au début des années 60, alors que la conquête spatiale bat son plein, la NASA est confrontée au problème de transport des éléments de fusée depuis leur lieu de construction sur la côte ouest des USA jusqu’en Floride.
La société Aero Spacelines entreprit alors l’étude d’un avion capable de transporter ces charges volumineuses mais pas très lourdes. L’idée était d’acheter à bas prix des Boeing C-97 et de les modifier en agrandissant le diamètre du lobe supérieur du fuselage. Le premier avion ainsi modifié, baptisé » Guppy « , fit son premier vol le 19 septembre 1962. Il fut suivi de trois autres prototypes aux capacités différentes.
En 1969, en Europe, Airbus Industrie prenait forme et la conception de l’ A300 avançait à grands pas. Un problème toutefois restait sans solution : comment amener à Toulouse pour assemblage des éléments de grandes dimensions venant de toute l’ Europe ? Décision fut donc prise d’acheter 2 « Super Guppy » dérivés des précédents et construits selon les spécifications d’Airbus Industrie. Bien que très controversée, cette décision allait être pleinement justifiée lors du transport des éléments du premier A300. En effet, après avoir été amenés par bateau jusqu’à Bordeaux, il leur fallut un mois pour atteindre Toulouse par la route après qu’on ait coupé des arbres, et débranché des lignes électriques au passage.
Le Super Guppy n° 1 fit son premier vol le 24 août 1970 et arriva en France courant 1971. Il fut aussitôt mis en service pour transporter les éléments du deuxième A300, mais aussi ceux du Concorde et du Mercure. Le numéro 2 fit son premier vol le 24 août 1972 et rejoignit la France en 1973. Depuis cette date, les Super Guppies ont fait la navette entre Toulouse et les autres usines fabricant des éléments d’Airbus : Filton et Chester en Angleterre, Hambourg et Brême en Allemagne, Madrid en Espagne et Saint-Nazaire en France. Il leur arrivait aussi parfois de s’aventurer un peu plus loin. C’est ainsi qu’en 1973, un Super Guppy alla chercher le simulateur de vol DC-10 d’UTA aux États-Unis.
En 1978 il fut décidé de commander 2 autres Super Guppies. Comme Aero Spacelines ne pouvait pas les réaliser, Airbus Industrie acquit la licence et les fit réaliser par UTA Industries au Bourget, à partir de pièces venant d’Amérique : éléments de Statocruiser mais aussi pièces réalisées par Aero Spacelines. Ainsi le numéro 2 fit quelques voyages transatlantiques pour ses petits frères.
Par la suite, un KC-97 fut acquis aux États Unis et convoyé au Bourget pour servir de base à un cinquième Super Guppy, mais on préféra faire le Belouga et le KC-97 partit par la route pour Nancy afin de devenir une boite de nuit…
Particularité et raison d’être du Super Guppy : La soute, dont argeur au plancher est de 4 m, et passe à 7,6 m dans la bulle, la hauteur maximum est de 7,8 m et la longueur de 34 m dont 22,5 utiles. Volume total 1 100 m3.
Pour charger et décharger l’ avion, il est nécessaire d’ouvrir le nez. Manœuvre compliquée mais de routine. Attention toutefois au vent. Après avoir stabilisé le fuselage par trois vérins hydrauliques installés dans le ventre, il faut baisser le galet moteur installé dans le fuselage avant, orienter le train avant vers la gauche puis déconnecter tous les câbles, timoneries et canalisations passant d’une partie du fuselage à l’autre. Ensuite faire manœuvrer les 6 verrous hydrauliques et défaire les 6 boulons joignant les 2 parties du fuselage. On met alors en route le galet moteur et le fuselage s’ouvre en pivotant autour d’une charnière située sur le coté gauche du fuselage.
Une plate-forme élévatrice est alors mise en place devant le fuselage pour transférer la charge sur son bâti. Puis fermeture du fuselage, reconnexion, etc. Durée de la manœuvre 2 heures environ.
Cette soute lui donne aussi des caractéristiques de vol particulières. L’ avion a tendance à monter en virage : le fuselage devient alors porteur car l’ avion est alors incliné. À l’atterrissage, le même fuselage fait que l’avion a tendance à refuser le sol. Il faut donc le poser franchement et, comme le C-97, le Super Guppy a tendance à se poser sur le train avant. Après quelques incidents, des trains avant de Boeing 707 plus robustes furent montés. Vu la hauteur de la soute, c’est l’ un des rares avions ou il faut définir la position verticale du centre de gravité.
Seul le poste de pilotage est pressurisé, même si l’avion ne vole pas très haut. Ici pas de pilote automatique, pas de servocommandes donc les pilotes n’ont pas le temps d’admirer le paysage depuis leur balcon largement vitré.
Notre Super Guppy a fait son dernier vol le 15 mars 96 avant de rejoindre notre collection. Le numéro 1 quant à lui est préservé au musée de Bruntingthorpe en Angleterre et le numéro 3 sur le site de Finkenwerder (Hambourg), en Allemagne. Le Super Guppy numéro 4 a été racheté par la NASA qui l’utilise pour le transport de charges volumineuses.
Découvrez l’histoire du F-BPPA plus en détail sur le blog de Pierre COGNEVILLE dédié à l’avion.
Caractéristiques
Envergure | 47,61 m |
Longueur | 46,84 m |
Hauteur | 14,85 m |
Masse à vide | 45,8 t |
Masse maxi | 77,5 t |
Charge | 22,7 t |
Vitesse | 460 km/h |
Autonomie | 900 km |
Équipage | 3 |
Motorisation | 4 Allison 501 D22C de 4680 ch |
No Série | 2 |
Notre appareil
Notre Super Guppy a eefectué son dernier vol le 15 mars 1996 avant de rejoindre notre collection. Il totalisait alors 14 110 heures de vol et 6 261 atterrissages. Finalement notre Guppy est entré dans Aeroscopia en mars 2014 avant d’être mis en place et ouvert en octobre de la même année. Il est désormais accessible au public, une plate-forme donne accès à l’intérieur de la soute où un film est diffusé.
Quelques Photos
Visite de l’appareil
En attendant de pouvoir le visiter « en vrai », vous pouvez effectuer une visite virtuelle grâce à Visit Digital.